Composer de la musique est pour moi un besoin vital. Langage venu du plus profond de l’être, mystérieuse alchimie de sublimations entre essence et existence située aux frontières de l’entendement, mon langage musical n’est pas le produit de recherches intellectuelles sur l’étrangeté des sons : je me laisse tout simplement guider par l’insistance des rythmes et des mélodies qui parviennent à ma conscience.
Mes études musicales au conservatoire de Nice se concluent par un Premier prix d’orgue à l’unanimité assorti du grand prix d’honneur de la ville de Nice attribué à l’élève le plus remarqué lors des concours du conservatoire, ainsi qu’une première médaille d’harmonie. Très tôt je commence à composer et laisse de cette période 7 opus. Malheureusement mes deux années de service militaire et le début de mes études scientifiques viennent contrarier ma vocation de compositeur. Je continue cependant la composition (7 autres opus) avant d’arrêter définitivement pour soutenir ma thèse de doctorat et entrer ensuite au Muséum. La Suite pour Flûte et Harpe opus 14, écrite en 1968 sur les conseils de Lily Laskine lors de l’Académie International d’Été de Nice, devait rester mon dernier opus. Le hasard en décidera autrement…
Presque 30 ans plus tard, en septembre 1995 pour les Journées du Patrimoine, le Muséum National d’Histoire Naturelle organise en partenariat avec le Conservatoire de Paris des concerts dans différents lieux du Muséum. Je décide logiquement d’accueillir dans la Galerie de Minéralogie un concert d’orgue tandis que le lendemain a lieu dans la Grande Galerie de l’Évolution un concert flûte et harpe auquel j’assiste. Le duo Kondo-Rostaing vient d’obtenir le Premier Grand Prix à l’unanimité du Concours International de Musique de Chambre de Cassis organisé lors du Centenaire de Lily Laskine. Après le concert, j’évoque mes souvenirs avec les musiciens et ma dernière œuvre composée justement grâce à Laskine. Je propose ensuite humblement à la harpiste, Bénédicte Rostaing, de lui prêter mon manuscrit si jamais le duo revenait jouer l’an prochain au Muséum, mais il faut d’abord que je le retrouve au fin fond des cartons !
Cette rencontre est le point de départ d’une renaissance musicale qui va bouleverser ma vie.
Le jour de sa victoire au VIIème Concours International de la Fondation Louise Charpentier (ex Concours de la Cité des Arts) Bénédicte Rostaing récupère mon manuscrit. Entre-temps j’ai retrouvé toutes mes autres partitions dans les cartons ! La Suite est finalement créée le 16 mars 1996 en l’église Saint-Julien-le-Pauvre, puis rejouée comme prévu pour les Journées du Patrimoine, à la Galerie de Minéralogie, avant d’être créée au Japon (Tsukuba) alors que le duo vient tout juste d’obtenir le Premier Grand Prix du VIIIème Concours International de Harpe du Japon.
Tous ses concerts me permettent tout d’abord de déposer mes œuvres à la SACEM. Mais je n’en reste pas là ! L’acoustique de la Galerie de Minéralogie se prêtant particulièrement bien aux concerts, je décide l’année suivante de fonder avec l’aide de BNP-Paribas le Festival de Musique de chambre du Muséum qui connaîtra six éditions et auxquels participeront les lauréats du Concours Long-Thibaud, les solistes de l’Orchestre de Paris, les jeunes Premiers Prix et 3ème Cycle du CNSMDP et tant de musiciens talentueux. Les premiers festivals sont l’occasion de faire créer mes premières œuvres (opus 3, opus 10, opus 12). Des liens forts vont se tisser avec mes interprètes mais également entre ces derniers. Très vite le pianiste Laurent Wagschal devient l’interprète attitré de toute mon œuvre avec piano, comme Vincent Lucas et Bénédicte Rostaing pour les œuvres avec flûte et harpe. Cette complicité perdure puisque plus de 20 plus tard on peut les retrouver lors des concerts de musique de chambre de l’Orchestre de Paris ou en festivals.
Bientôt le désir de recomposer se fait sentir et je me remets au travail. De nouveaux opus de musique de chambre ou des pièces solo sont créées au gré des festivals du Muséum ou dans d’autres lieux comme la Cité de la Musique, la Sainte Chapelle, la Salle Cortot ou dans d’autres festivals. Des œuvres plus ambitieuses comme des concertos (flûte, violon), des pièces symphoniques, des cantates et jusqu’à un opéra voient le jour. C’est toujours avec une certaine émotion que niçois d’origine, je partage mes créations avec le public à l’Opéra de Nice, à la Basilique, au Cloître de Cimiez ou au Conservatoire.
Parallèlement aux concerts, je ressens le besoin de faire enregistrer ma musique et mon premier CD autoproduit sort dès 1998. L’année suivante, je me se remets activement à l’orgue pour tenter d’enregistrer mes opus 4 et 6 mais devant la trop grande virtuosité des Trois Méditations symphonique, je renonce et demande à Denis Comtet de me remplacer au grand orgue de Saint François-Xavier. J’assure tout de même l’autre partie du disque consacrée à mes compositeurs baroques de prédilection. Ma discographie s’étoffe ensuite au gré des nouvelles compositions.
En ce qui concerne l’édition musicale, une grande partie de sa musique de chambre est désormais publiée aux Editions Delatour France.