Au Brésil : mine d’or à Ouro Preto, Minas Gerais

Attiré dès l’enfance par la musique et les sciences, en particulier les pierres, matières ignorées par l’enseignement primaire, j’ai été intrigué tout autant par les éléments chimiques formant le cortège coloré des minéraux que par les agrégats de notes constituant l’enchaînement des accords de mes toutes premières compositions musicales. Ordonnancement régulier des facettes naturelles des cristaux (beauté mesurable de la matière) et émotivité que dégage la musique française de l’époque impressionniste, ces univers sont très différents en apparence mais se rejoignent pour moi comme le corps et l’âme. Ils ont constitué pendant ma jeunesse mes principaux centres d’intérêt.

Très tôt, ma vocation profonde a été  de retransmettre savoir et émotion. Pour la minéralogie et la gemmologie, j’y ai consacré une centaine d’articles, une quinzaine de livres et autant de catalogues d’exposition. Etre professeur au Muséum et directement en charge de la préservation, la réorganisation et l’accroissement de l’une des cinq grandes collections mondiales héritière de l’ancien Droguier de Louis XIII et Louis XIV explique que j’ai été contraint de délaisser la musique pendant un quart de siècle par manque de temps. Cela s’observe sur la liste de mes opus par le grand vide musical existant entre le 14 et le 15 !

Après les accroissements spectaculaires des collections de cristaux précieux (mécénat TOTAL) et de cristaux géants dont les 772 000 visiteurs qui sont venus les admirer en exposition temporaire nous ont permis de les acheter et de leur aménager une salle permanente, j’ai eu une surcharge de travail. Je surveillais journellement, en plus de mes autres activités, la construction de la salle blindée du Trésor du Muséum grâce aux grands travaux de l’Etat (Le Président de la République est venu l’inaugurer en juin 1987).  Les arbitrages et marchés de l’Etat pour les sondages et la mise en sécurité de cette Galerie de minéralogie et de géologie longue de cent quatre-vingts mètres étant terminés,  l’établissement du programme scientifique étant accepté et les expertises montrant que la seconde tranche des travaux pouvait commencer (les demandes de crédit étant acceptées par les tutelles) j’ai enfin pu, en 1997, recommencer à composer de la musique le soir (au lieu de rédiger des rapports !) en attendant l’arrivée des crédits pour terminer la restauration de ce bâtiment classé monument historique.

Dix ans après, j’ai eu le temps de prendre ma retraite en 2003 et composer 22 œuvres nouvelles dont trois concertos, et trois œuvres symphoniques. Nous sommes en Janvier 2007, et la plus ancienne des très grandes collections nationales du monde attend toujours la venue des crédits pour terminer les travaux de restauration du bâtiment. Par chance mon successeur minéralogiste  P.J. Chiappero continue, avec l’aide du mécénat éclairé de TOTAL, à compléter l’indispensable outil de travail que représente la collection de minéralogie du Muséum pour la communauté scientifique internationale.